
Réponse à une question d’Atlantico (18/09/2024)
Atlantico : Si Stéphane Séjourné ne pouvait faire qu’une seule chose – tout en faisant une vraie différence pour l’industrie européenne – laquelle serait-elle ?
Jean-Marc Siroën : Sauf opposition du Parlement européen, Stéphane Séjourné sera le prochain Commissaire chargé de la « prospérité et de la stratégie industrielle ». Bien qu’il soit précisé que ses compétences concernent l’industrie, les PME et le marché unique, celles-ci restent vagues et, de fait, assez limitées (ce que la Vice-Présidence qui lui est attribuée ne corrigera pas). En effet, d’autres commissaires auront la charge de l’économie, de la productivité, de l’environnement, du climat, de la productivité, de la recherche-innovation, du commerce, du digital. Ses moyens d’action seront donc de fait assez limités pour agir sur l’économie européenne. L’ambiance risque même d’être assez surchauffée si, comme son prédécesseur, le nouveau Commissaire avait une conception extensive de ses attributions ! Ainsi, Stéphane Séjourné n’aura pas prise sur la politique commerciale, sujet chaud qui concerne directement l’industrie européenne surtout à l’heure où des droits de douane supplémentaires sur les importations de voitures électriques chinoises attendent d’être adoptés.
La lettre de mission de la Présidente Ursula von der Leyen à Stéphane Séjourné ne se limite évidemment pas à un unique sujet. Elle en comprend exactement 20 ! Dans cette liste à la Prévert, je retiendrais la mise en place d’un « Fonds de compétitivité européen », proposé par la Président en juillet. Il serait financé sur le budget européen et dédié aux industries stratégiques. L’idée est bonne, mais il faudra encore savoir naviguer entre les écueils. Pour l’instant, le précédent des batteries électriques, donné en exemple, attend toujours de faire ses preuves. J’ajouterais un deuxième point : l’achèvement du marché unique qui permettrait à l’industrie de bénéficier des avantages de compétitivité que confère un vaste marché intérieur. Mais cette fois, ce sont les 27 États-membres que Stéphane Séjourné devra convaincre. Bon vent !